Les
anglicismes
Notre
langue, comme bien d’autres, est vivante, c’est-à-dire qu’elle évolue au même
rythme que notre société. Ainsi, lorsque de nouveaux concepts ou objets sont
créés, il faut être en mesure de les nommer. Pour ce faire, on peut se servir
de néologismes (mots nouvellement créés) ou d’emprunts à des langues étrangères. Le
français a souvent recours à la langue anglaise quand il est question
d’emprunts. Certains ne sont pas critiqués, car il n’existe pas d’équivalent
français pour nommer les réalités. C’est le cas de badminton, de bifteck et de
boxe. Cependant, lorsque l’on parle d’« anglicisme », on fait souvent référence
à un emprunt suscitant des réactions négatives, puisqu’il est utilisé alors
qu’un équivalent français existe déjà.
Il existe
plusieurs types d’anglicismes à proscrire : l’anglicisme intégral,
l’anglicisme sémantique, l’anglicisme syntaxique, l’anglicisme phonétique et
l’anglicisme orthographique.
Tout d’abord,
l’anglicisme intégral se définit comme l’emprunt direct d’un mot ou d’un groupe
de mots appartenant à la langue anglaise. Par exemple, les termes cool, full, piercing, week-end et coach sont tous des anglicismes
intégraux qui gardent leur sens anglais dans la langue française.
Ensuite,
l’anglicisme sémantique s’explique par sa prononciation et sa graphie très
proches de celles d’un mot français. Dans ce cas, le sens d’un mot anglais sera
attribué à un mot français correspondant. Par exemple, il arrive souvent qu’on emploie
le mot définitivement dans le sens de
certainement, assurément, bien sûr,
car il ressemble au mot anglais definitively.
En réalité, l’utilisation correcte de définitivement
en français correspond à irrémédiablement,
en définitive. Il en est de même du terme pratiquer dans le sens de s’entraîner à, de s’exercer à, qui est inspiré du verbe anglais to practice.
Exemples :
* C’est définitivement
mon repas préféré ! → C’est sans aucun doute mon repas préféré !
*Sandie pratique le violoncelle tous
les jours. → Sandie s’exerce
au violoncelle tous les jours.
*Martine se pratique à parler l’italien
→ Martine s’exerce à parler
l’italien.
Quant à l’anglicisme
syntaxique, il est la reproduction d’une structure syntaxique propre à la
langue anglaise. L’usage d’une préposition incorrecte est alors souvent en
cause.
Exemples :
* Je vis en campagne. → Je vis à la campagne.
* Je suis sur un comité. → Je fais partie d’un comité.
* Je siège sur un conseil
d’administration. → Je siège à un conseil d’administration.
* Il y a un patient sous observation. → Il y a
un patient en observation.
L’anglicisme
phonétique concerne la prononciation d’un mot français à l’anglaise.
Exemples :
-Le mot zoo est souvent prononcé zou par les francophones québécois,
alors qu’il devrait se prononcer zo.
-Le mot pyjama est souvent prononcé pydjama.
-L’abréviation
du mot télévision est souvent prononcée tévé
au lieu de télé.
Enfin,
l’anglicisme orthographique est causé par une graphie erronée d’un mot français
apparentée à celle d’un mot anglais correspondant. Bien entendu, la meilleure
façon d’éviter les erreurs de ce type est de consulter un dictionnaire. Voici,
pour terminer, un petit tableau comportant des exemples d’erreurs fréquentes
causées par l’influence des mots anglais sur notre langue :
Anglicisme
orthographique
|
Mot
français correctement orthographié
|
Mot anglais
ayant influencé cette erreur
|
Aggressif
|
Agressif
|
Aggressive
|
Apartement
|
Appartement
|
Apartment
|
Bulldog
|
Bouledogue
|
Bulldog
|
Consistence
|
Consistance
|
Consistence
|
Connection
|
Connexion
|
Connection
|
Example
|
Exemple
|
Example
|
Initiallement
|
Initialement
|
Initially
|
Language
|
Langage
|
Language
|
Professionnel
|
Professionnel
|
Professional
|
Peroxide
|
Peroxyde
|
Peroxide
|
Project
|
Projet
|
Project
|
Tissue
|
Tissu
|
Tissue
|
Traffic
|
Trafic
|
Traffic
|
Voilà !
Vous êtes maintenant mieux outillés pour éviter de recourir à des anglicismes
lorsque vous vous exprimez !
N.B. L'astérisque (*) indique que la phrase est fautive.
Laurie Lacroix
Stagiaire au Participe
Étudiante en linguistique et langue française à l'UQAC
Sources
DE VILLERS, Marie-Éva. Le multidictionnaire de la langue française,
6e édition, Montréal, Éditions Québec Amérique, 2015
CLAMAGERAN, Sylvie, CLERC Isabelle, GRENIER Monique et ROY Renée-Lise, Le français apprivoisé, 4e
édition, Mont-Royal, Modulo-Griffon, 2015,