Voilà bien deux plaisirs que la vie nous offre; la lecture et la présence d'un minou près de soi. Encore faut-il que ce dernier ne dérange pas les couettes...et que l'on trouve un auteur dont le style plait!
Ce blogue est un outil utilisé par Le Participe, centre d’aide en français du Cégep de Jonquière, dans le cadre d’un stage en rédaction ou en communication de l’UQAC.
jeudi 25 septembre 2014
mardi 11 mars 2014
Des pollueurs de la langue française ?
Des
pollueurs de la langue française?
Par Dana
Lessard, stagiaire au Participe
Qui suis-je?
Je suis de ceux qui sont vus dans la langue telle une
pourriture.
Je suis calqué sur la majorité et je ne suis pas né
français.
Les Québécois m’utilisent, mais ne le font pas vraiment
exprès.
En France, ma présence n’importune pas; ici, on m’endure.
Vous
aurez compris que la réponse à cette devinette est l’emprunt, en l’occurrence l’anglicisme :
erreur sournoise, car elle passe souvent inaperçue dans le discours et dans les
textes. Sans compter que notre langue, sous l’influence de l’anglais, a
tendance à emprunter de celui-ci certaines expressions figées en les traduisant
mot à mot, ce qui mène régulièrement à un emploi fautif de plusieurs termes
français.
Un
anglicisme est défini comme « un emprunt linguistique à l’anglais1 ».
En fait, ce qui représente une menace pour la langue française, ce n’est pas
tant l’emprunt en soi, car il contribue à maintenir le renouvellement et l’évolution
de notre langue. Comme le mentionne la Banque
de dépannage linguistique de l’Office
québécois de la langue française, l’anglicisme fautif vient du fait de « favoriser
des mots étrangers au détriment des ressources déjà disponibles dans la langue
emprunteuse1 ». C’est notamment la raison pour laquelle les
anglicismes posent problème. En effet, l’Office
québécois de la langue française ne peut pas considérer tous les emprunts
comme un enrichissement de la langue.
Il
existe plusieurs types d’anglicismes. Le premier cas, nommé anglicisme
intégral, est facile à reconnaître, puisqu’il s’agit d’un emprunt direct,
sans adaptation française. Par exemple, les mots cool et piercing sont des
emprunts intégraux à l’anglais. Lorsqu’un mot anglais n’est repris que dans une
de ses parties, on parle d’emprunt à son stade le plus simple. On peut penser
au mot anglais snowboard, qu’on
écourte dans la langue française en snow,
tout simplement. En fait, lorsqu’il n’existe aucune réalité pour symboliser un
concept en français, l’emprunt à la langue anglaise se fait de façon naturelle
et ne nuit pas pour autant au français.
Le
deuxième cas d’anglicisme est appelé anglicisme hybride: il constitue le
premier cas problématique des emprunts de l’anglais par le français. Dans ce
cas, on emprunte un mot quelconque à l’anglais, et on lui ajoute un suffixe
français pour le franciser. Par exemple, le mot speed en anglais a été emprunté dans son intégralité, puis on lui a
ajouté le suffixe français –é, ce qui donne l’adjectif speedé. La problématique de ce genre d’emprunt est que, le plus
souvent, il existe déjà un mot dans les ressources disponibles de la langue
française pour le désigner, en l’occurrence « énervé », « surexcité »,
etc.
Le
troisième cas d’anglicisme, défini comme un anglicisme syntaxique,
représente un des cas qui posent généralement problème. Ce type d’emprunt
survient dans deux cas. Le premier consiste à utiliser « les éléments
d’une structure syntaxique anglaise1 », tandis que l’autre
consiste à « calquer l’ordre des mots sur celui de l’anglais1 ».
Par exemple, pour le premier cas, on peut penser à l’énoncé siéger sur un comité (de l’anglais on a committee) alors qu’en français, on
devrait plutôt dire « siéger à un comité ». L’exemple être répondu est représentatif du
deuxième cas, car cet énoncé n’est pas français : il est calqué sur
l’anglais to be answered. Il faudrait
utiliser ici l’auxiliaire avoir : « Vous a-t-on répondu ? »
En ce
qui concerne les derniers cas d’anglicismes, on parle d’abord d’anglicisme phraséologique.
Il s’agit d’une expression figée ou d’une locution empruntée à l’anglais dans
son intégralité. Ainsi, l’énoncé faire du sens est calqué sur l’anglais to make sense, alors qu’en français, il
faut dire « avoir du sens » ou « être logique ». Ensuite,
on parle d’anglicisme sémantique, c’est-à-dire qu’on « donne un sens
anglais à une forme déjà existante en français1 ». Autrement
dit, une forme quelconque existe en français (« adresser » par
exemple), mais lorsque cette forme est utilisée en empruntant le sens anglais,
l’emploi devient fautif. C’est le cas de l’expression adresser un problème (de l’anglais to adress au sens de s’occuper,
de traiter) au lieu de s’occuper d’un
problème. Enfin, le dernier type d’anglicismes est nommé anglicisme morphologique :
il apparaît lorsqu’on traduit intégralement une forme de l’anglais vers le
français. Pour donner un exemple simple, on peut penser à l’énoncé appel longue distance, calqué mot à mot
sur l’anglais long distance call, qui
doit être remplacé par appel interurbain en
français.
C’est
notamment l’utilisation de ces trois derniers types d’anglicisme qui entraîne
de nombreuses erreurs dans le discours et dans les textes français. En fait,
ils sont particulièrement difficiles à déceler, surtout pour une personne qui
n’a pas une très bonne connaissance de l’anglais. Pour les déceler, on doit
alors reconnaître les plus populaires emprunts phraséologiques et sémantiques
anglais et apprendre leur équivalent français correct. Voici un tableau
contenant les plus fréquents emprunts de ce genre à l’anglais et leur équivalent
français.
Aide-mémoire sur les
anglicismes courants et leur équivalent français
|
|
Anglicismes phraséologiques ou
sémantiques
|
Équivalents français corrects
|
Demander
une question
(to ask a question)
|
Poser
une question
|
À date
(to date)
|
Jusqu’à
ce jour, jusqu’à maintenant
|
Bal de graduation
(the
graduation)
|
Bal de
finissants, de fin d’études
|
Centre
d’achats
(shopping centre)
|
Centre
commercial
|
Compléter un formulaire
(to fill out a
form)
|
Remplir
un formulaire
|
Dépendant
de la situation
(depending on the situation)
|
Selon
la situation
|
Mettre l’emphase sur
(to place the
emphasis on)
|
Mettre
l’accent sur
|
Anglicismes intégraux
|
|
Chum
|
Copain,
amoureux
|
Toune
|
Morceau,
chanson
|
Full
|
Vraiment,
beaucoup
|
Anglicismes hybrides
|
|
Canceller
|
Annuler
|
Focusser
|
Se
concentrer sur
|
Booker
|
Être
surchargé, être occupé
|
Anglicisme morphologique
|
|
Appel longue distance
|
Appel
interurbain
|
Les
exemples ci-dessus ont été tirés du site Internet suivant: http://www.logilangue.com/public/Site/clicGrammaire/Anglicismes.php. En vous y rendant, vous trouverez plusieurs
autres exemples d’anglicismes phraséologiques, sémantiques et morphologiques.
Ainsi, vous pourrez en prendre connaissance afin d’éviter que dans vos textes
se glisse ce genre d’erreurs.
Référence :
1.
Banque de dépannage linguistique, Office québécois de la langue
française : http://bdl.oqlf.gouv.qc.ca/bdl/gabarit_bdl.asp?Th=2&t1=&id=3787.
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