Mais qu’est-ce que l’emprunt linguistique? C’est un
phénomène que l’on retrouve chez toutes les langues vivantes[1]
qui consiste à emprunter des mots d’une autre langue généralement pour nommer
des objets ou concepts « inédits » pour la langue.
Et le phénomène est aussi vieux que les langues, ce qui ne
remonte pas à hier. Ainsi, le français s’est enrichi de l’« alcool » emprunté à
l’arabe au début du 17e siècle, des « corniches » provenant
de l’italien au 14e siècle à peu près au moment où la « guitare » nous venait de
l’espagnol qui l’avait lui-même emprunté au grec.
Cette capacité à emprunter qu’ont les langues est l’un des
éléments qui les gardent vivantes, qui les font évoluer. Et chaque langue,
communauté linguistique ou époque traitera différemment l’emprunt. Pour prendre
un exemple plus concret, au Québec, depuis quelques décennies, nous avons
tendance à franciser nos emprunts, à leur imposer le génie de la langue[2];
alors qu’en France, ils ont tendance à privilégier les termes « purs »,
dans leur forme d’origine. Ces deux visions, au-delà de trahir deux réalités
linguistiques distinctes, ne causent pas de problème.
Le problème viendrait davantage du terme emprunté, si ce
n’est de la raison de l’emprunt. Il faut savoir que les langues ne
s’embarrassent pas de termes concurrents[3] et
celui qui sera le plus utilisé éclipsera l’autre plus ou moins progressivement[4].
C’est l’une des raisons qui nous poussent à combattre certains emprunts
qualifiés de calques, d’anglicismes ou d’impropriétés, mais vous seriez surpris
du nombre de termes dont on pervertit le sens[5].
[1]
Une langue est considérée comme vivante lorsqu’elle est encore la langue
naturelle d’au moins une communauté linguistique.
[2]
Par exemple : email que nous
avons remplacé par courriel.
[3]
Des termes qui ont strictement le même sens, à distinguer des synonymes.
[4]
Par exemple : le week-end qui a remplacé
la fin de semaine en France et qui menace de la remplacer aussi au Québec.
[5]
Par exemple : réaliser a le sens, en français, de créer, d’accomplir,
d’exhausser; il devient un anglicisme lorsqu’on l’utilise au sens de se rendre
compte, de constater, de remarquer.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire