Qu'est-ce que la variation
topolectale? Serait-ce trop facile de dire qu’il s’agit d’expressions propres à
chaque région, pays ou culture? Probablement! Mais avant de préciser davantage
le concept, pour simplifier cette chronique et sans vouloir lancer un débat,
nous tiendrons pour acquis qu'il y a une variété commune à chaque communauté de
la langue[1] qui permet à chaque
locuteur de « comprendre » n'importe quel autre locuteur, peu importe
sa provenance. De plus, s'il y a une forme commune à l'ensemble des communautés
linguistiques, il peut y avoir une forme standard pour une communauté précise
(p. ex. : le québécois standard en opposition au français standard).
Si les québécismes sont nombreux, les
francismes le sont tout autant et les régionalismes québécois ne sont pas en
reste. On peut penser aux mots urgentistes, aux sucettes et aux
petits-déjeuners de la France alors qu’au Québec on parle des urgentologues,
des suçons et des déjeuners. Sans oublier, au Saguenay–Lac-Saint-Jean, nos
« tourtières » bien plus copieuses que leur homonyme du reste du
Québec et qui sont bien loin de « faire simple » quoi qu’en disent certains
« grands talents ».
Ces variations sont-elles
obligatoirement à proscrire? Est-ce que le fait qu’un mot soit un régionalisme
en fait automatiquement un terme familier ou vulgaire? Si l’on se base sur
l’usage, ces régiolectes ne sont pas forcément « marqués », certains
font partie d’une forme standard de la langue alors que d’autres sont
considérés comme familiers, vulgaires, vieillis ou archaïques. Et, avec le
temps, les usages changent[2], évoluent au fur et à
mesure qu’un terme prend ou perd de l’importance au sein d’une communauté
jusqu’à s’étendre chez d’autres communautés ou à disparaître du registre
standard[3].
[1]
Pour le français, nous parlerons de français
standard.
[2]
Par exemple : babillard, qui portait encore la marque de familier dans la
4e édition du Multidictionnaire alors qu’on ne retrouve plus cette
marque dans l’édition suivante.
[3]
Pensons à courriel, qui était considéré comme un
québécisme et qui s’implante graduellement dans la totalité de la francophonie,
ou à fin de semaine, qui était en usage dans le monde et qui est maintenant
marqué comme québécisme.
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