Pardon ? Vous avez « répété deux fois la même
chose » ?
Par Dana
Lessard, stagiaire au Participe
Alors, vous venez de
commettre une erreur de langage qu’on appelle un pléonasme fautif. À la base
pourtant, un pléonasme est une figure stylistique qui, fréquemment
utilisée dans la littérature, consiste à mettre l’accent sur une idée en la
renforçant au moyen d’un mot ou d’un groupe de mots synonymes. Le pléonasme est
utilisé dans le discours ou dans les textes lorsque la personne qui écrit veut
insister sur un élément en particulier. Un pléonasme devient un problème
lorsqu’il est produit de manière « inutile et abusive1 ».
Il existe deux types
de pléonasmes dont l’utilisation n’est pas considérée comme fautive. Le premier
se nomme pléonasme d’insistance ; il se définit comme étant la répétition, « dans
une phrase, de mots qui ont le même sens ou qui expriment la même idée1
». C’est donc un procédé d’insistance ou de redondance. Certaines expressions
comme « de mes propres yeux » et « c’est un hasard tout à fait imprévu » sont de bons exemples de ce que représente le
pléonasme d’insistance.
Le deuxième type de
pléonasme est plus difficile à déceler, car il est plus subtil. Il consiste à
mettre dans la même phrase un mot et sa définition. D’ailleurs, il s’agit
encore ici d’une figure de style qui, lorsqu’elle est utilisée adéquatement,
peut donner une orientation intéressante, légère, voire comique à un texte.
L’exemple suivant est très représentatif de ce genre de pléonasme : « Cette
femme est vraiment superficielle : elle est incapable de s’intéresser aux réalités
profondes ! »
Le troisième et
dernier type de pléonasme est utilisé de manière fautive : il est donc
nécessaire de s’assurer de son absence lors de la révision d’un texte français.
Pour le corriger, il faut porter attention aux mots et au sens de ces derniers.
Selon le Portail linguistique du Canada,
le pléonasme le plus fréquent et le plus difficile à déceler est celui
impliquant le pronom relatif dont.
Ce qu’il faut d’abord
retenir de ce pronom relatif, c’est qu’il est construit à partir de la
préposition de et d’un pronom comme qui, quoi,
lequel, laquelle, lesquels et lesquelles, autrement dit de quoi, de qui, duquel, de laquelle, desquels et desquelles. Prenons
l’exemple de la phrase suivante : « C’est de politique dont il faut
éviter de parler ». Pour reconnaître l’emploi fautif du pronom relatif et
par conséquent déceler la redondance, le pléonasme fautif, portez attention à
la présence de la préposition de en
début de phrase. En utilisant ensuite le pronom dont, on répète la
préposition de qui est incluse dans le dont. Il faudrait
dire : « C’est de politique qu’il faut éviter de parler. » Voici
un autre exemple fautif : « C’est de toi dont il est question
ici. » On devrait dire : « C’est toi dont il est question
ici. »
Plusieurs autres
groupes de mots ou d’expressions figées que nous utilisons fréquemment sont
également fautifs. Certains ont été calqués sur l’anglais (anglicisme
phraséologique) et sont utilisés dans la langue à mauvais escient. Par exemple,
l’expression abolir complètement est
un pléonasme fautif et est calqué sur l’anglais to abolish completely.
Pour ne pas tomber
dans le piège des pléonasmes fautifs, il peut être judicieux d’apprendre par
cœur les principaux afin de les éviter dans le discours et dans les textes.
Pour vous aider à y parvenir, vous trouverez ci-dessous un tableau qui
mentionne les pléonasmes fautifs les plus courants. Je vous suggère d’ailleurs
de vous rendre sur ce site Internet pour les consulter :
Les pléonasmes fautifs les plus courants
|
|
Pléonasmes fautifs
|
Équivalents
corrects
|
Collaborer ensemble
|
Collaborer
|
Comme par exemple
|
Par exemple
|
Monter en haut,
descendre en bas
|
Monter, descendre
|
Marcher à pied
|
Aller à pied ;
marcher
|
Prévoir à l’avance
|
Prévoir
|
Se lever debout
|
Se lever
|
Allumer la lumière
|
Allumer
|
Bonne chance dans
l’écriture de vos textes et j’espère que la chance sera de votre côté!
Dana Lessard
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire