Voilà, c’est ma dernière chronique, ce qui clôt du même
souffle mon stage. J’espère que vous avez apprécié mes simples vulgarisations
sur cette chose que nous manipulons constamment sans même y prêter attention.
J’ai tenté de rester le moins prescripteur possible, bien qu’il soit impossible
d’être totalement impartial. Mais aujourd’hui, je veux amorcer une réflexion
motivée par la situation de notre langue dans notre pays, plus précisément au
Québec.
Les propos sur la valeur et la place du français que
j’entends ou que je lis me laissent perplexe et me font penser un peu à la
perception que l’on avait de notre langue il y a 50 ans.
En 1960, un linguiste du nom de Lambert a réalisé une étude
sur la perception du français au Québec, à Montréal. Il a enregistré des
locuteurs bilingues ayant une « même » maîtrise du français et de
l’anglais puis a fait croire aux juges qu’il s’agissait de locuteurs différents.
Ensuite, il a demandé aux juges d’évaluer les différents
locuteurs grâce à leur voix à partir de certains traits (taille, intelligence,
fiabilité, etc.) Alors, qu’en réalité, les juges trahissaient l’attitude des
anglophones et des francophones à l’égard de l’anglais et du français.
Comme l’on pouvait s’y attendre, les juges anglophones
notaient plus favorablement la voix anglophone que la francophone. Mais une
surprise est venue des juges francophones qui ont noté plus favorablement les
anglophones que les francophones, ils avaient même jugé plus sévèrement les
francophones que ne l’avaient fait les juges anglophones.
Cette perception était le symptôme de l’époque qui a précédé
la Révolution tranquille.
Alors, je me demande si, en 2012, ce n’est pas un retour à cette
dévalorisation du français. Quand on entend notre ministre de l’Éducation
vanter la « valeur supérieure » d’un programme d’étude parce qu’il
est offert qu’en anglais, quand on entend des jeunes se plaindre, à tort, que
la loi sur les jeux vidéo en version française les priverait de leurs titres
favoris, quand on apprend que les cours de francisation des immigrants seront
diminués, quand on sait que des enfants francophones issus de familles aisées
reçoivent une éducation scolaire anglophone, peut-on légitimement croire que le
français est victime de discrimination?
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